2008 : le format OpenDocument – parce qu’il ne doit en rester qu’un !

En 2008, l’Europe se fourvoie une nouvelle fois aux américains, avec une guerre ouverte sur les formats bureautiques.

L'attentat manqué.
L’attentat manqué.

A cette époque, la société Sun, alors propriétaire d’OpenOffice, une suite bureautique libre et gratuite, réussi le tour de force de standardiser le format OpenDocument auprès de l’ISO (organisation internationale de normalisation), comprenez l’organisme chargé de fixer les normes et standards de nos appareils et logiciels.

S’en suit une véritable panique chez Microsoft, qui s’empresse de bricoler un format XML concurrent, et de le soumettre en procédure d’urgence à l’ISO. Après plusieurs tentatives ratées, et un noyautage des instances de vote qui ridiculisera définitivement l’ISO, la firme parvient à faire passer son format, et ce malgré la protestation ouverte de plusieurs pays qui resteront lettres mortes.

Ainsi en 2008, l’Europe se retrouve avec deux formats bureautiques standardisés ISO, là où un seul aurait largement suffit, et cela va avoir de très graves répercussions sur nos économies par la suite.

D’abord il faut savoir – et beaucoup de gens l’ignorent – que Microsoft n’a commencé à respecter son propre format bureautique que 5 ans plus tard, soit en 2013 ! Tous les documents qui ont été créés avec des suites antérieures ne respectent donc pas le standard déposé, et il serait bien naïf de croire que tous les clients de l’éditeur ont mis à jour leur logiciel depuis…

Cette mauvaise volonté évidente de la part de l’éditeur, a surtout eu pour conséquence de nuire à l’interopérabilité entre les deux suites bureautiques, en rejetant les bugs d’affichage sur le dos du concurrent – vous aurez compris la manœuvre.

Mais le pire dans l’affaire, c’est que si l’Europe avait eu le cran de refuser, en 2008, le format concurrent de Microsoft, on peut gager que la firme américaine se serait très rapidement aligner sur le standard OpenDocument sans aucun problème !

Combien de milliards d’euros aurions-nous économisé en France et en Europe, non seulement sur les licences offertes à Microsoft, mais aussi sur les coûts de cette interopérabilité manquée ? Car quand votre document ne présente pas le même affichage sur les deux outils, vous n’avez malheureusement pas d’autre choix que de le corriger manuellement !

Et si cela ne pose aucun problème à des gens correctement formés en bureautique, cela peut, en revanche, devenir extrêmement chronophage pour des opérateurs ou opératrices basiques.

Depuis 2008, ce sont ainsi des millions d’heures de travail qui ont été perdues à rafistoler les morceaux, en énervant à la fois les usagers, mais aussi leur direction qui paye finalement la facture de ces heures perdues, à devoir jongler entre les deux formats.

La suite OpenOffice a depuis laissé la place à LibreOffice, dont le succès se vérifie chaque jour davantage, que ce soit dans les organismes, les ministères les villes ou même chez le particulier.

Pas la peine de chercher bien longtemps la raison principale qui a poussé les anglais a définitivement adopté le format OpenDocument pour toutes leurs institutions en 2015, donc avant le Brexit de 2016 : quand on vous offre des économies sur un plateau, il faut être stupide pour les refuser !

Face à cette concurrence du monde libre, Microsoft a bien compris que le vent avait tourné, et la firme de s’employer désormais à louer ses logiciels sur le cloud, plutôt que de les vendre.

Quant à l’Europe, qui n’a même pas l’intelligence de tenter de rattraper son erreur monumentale de 2008, et d’imposer une fois pour toute les formats OpenDocument à tous ses membres, elle continue fièrement de botter en touche !

Et tant pis pour nos impôts : l’argent des autres est toujours moins cher.